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dimanche 18 janvier 2015

l'Alyah et le Jihad

D'un point de vue politique permettre à des Français de confession musulmane d'aller grossir les rangs d'Al-Quaida ou de Daesh, ou laisser des Français de confession juive partir pour Israël, à plus ou moins brève échéance c'est kif-kif.

Parce que même si personne n'osera jamais blâmer une famille de Juifs français qui choisit la valise plutôt que le cercueil, il est clair que tout nouvel afflux de population en Israël se traduira immanquablement par l'extension des colonies illégales en terre palestinienne, aggravant un peu plus encore une injustice qui ne suscite que la complicité passive du concert des nations depuis 1948, et qui constitue, pour cette raison même, l'une des causes principales du terrorisme islamiste, celle qui innerve toutes les autres et derrière laquelle s'abritent des idéologies purement opportunistes.
De cette confusion sont responsables ceux qui, en choisissant d'appliquer la politique du pire, ont créé les conditions d'un conflit dont la durée a permis l'unification progressive de toutes les rancœurs nées au sein du monde musulman. Quand on refuse de s'entendre avec Yasser Arafat, il suffit d'attendre de n'avoir plus que le Hamas en face de soi : tout le monde comprend alors que le dialogue est impossible !
Ça n'était pas inévitable. Si je me souviens bien, ceux qui ont fini par devenir fous de haine et de rage furent précédés par une génération qui avait accepté au moins à voix basse l'idée d'un compromis. Dans les années 70 l'image type de la militante palestinienne est une jeune femme portant le keffieh, pas le voile, avec de longs cheveux flottant sur ses épaules. Puis les combattantes se sont effacées, et les combattants des deux sexes se sont mués en kamikazes. Plusieurs siècles auparavant, en Andalousie, c'était des Espagnols qui dans le camp chrétien se ruaient sur l'occupant arabe, apparemment impatients de mourir en martyrs pour la cause nationale.
La politique de la France ne fut pas plus subtile. Messali Hadj réclamait l'égalité de droits entre Français et Musulmans. Réponse : 22 ans de prison ou de résidence surveillée, rien que ça ! Seul Nelson Mandela a fait mieux ! Alors est arrivé le FLN et une « révolution » dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle est loin d'avoir tenu toutes ses promesses (sauf pour les dirigeants du Parti évidemment). La conséquence de cet échec ? Des immigrés et un pays d'accueil ayant chacun sur les mains un peu du sang des autres. Quelles meilleures conditions pour assumer le « vivre ensemble » ?
Normalement il n'y aurait pas dû y avoir d'émigration algérienne. Cela aurait été possible s'il n'y avait pas eu auparavant l'exode de la population pied-noir. L'indépendance de l'Algérie aura été au final d'un piètre intérêt pour les peuples qui vivent de part et d'autre de la Méditerranée. Il n'y eut ni l'émancipation souhaitée ni l'assimilation souhaitable, et cet échec a favorisé par contre-coup la régression vers les valeurs refuges (plus bas on peut pas aller) de la religion. La France pétainiste fut volontiers bigote elle aussi.
Une échographie du jihadisme embryonnaire montrerait peut-être quelles sont exactement les responsabilités, cas par cas, des nations colonisatrices. Un fait est sûr, en tous cas : nos concitoyens israélites seraient mal avisés d'aller se réfugier dans les jupes de Charlie Netanyahou. Tsahal n'est pas invincible, ni l'allié américain, qui par complaisance tactique a donné ses premières armes et des surnoms démocratiques aux pires féodaux du monde musulman dans le seul but de contrer l'arrogance soviétique. Oui, le jihadisme est un avatar de la Guerre froide qu'on croyait éteinte, au même titre que le Paris-Dakar qui vient de se terminer à Buenos Aires (sic !) par la magie d'Al-Qaïda qui supportait mal le bruit et la pollution que le rallye laissait derrière lui dans le désert mauritanien. Al-Qaïda... une force capable de déplacer des continents !
Conclusion :
l'Alyah n'est pas une solution. Ni le silence, ni l'indifférence. L'affirmation d'une identité laïque, démocratique et progressiste, unique garante de toutes les libertés y compris religieuses, est la seule réponse à apporter collectivement aux fauteurs de guerre de tout bord : marchands d'armes libéraux ou bédouins vaniteux. Un choix manichéen passant entre les deux ne peut que conduire à l'affrontement. Qui le souhaite ? S'il faut être très con pour crier au Jihad, il faudrait l'être au moins autant, et ça paraît difficile, pour rêver de croisade.



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