D'un point de vue politique permettre à des Français de confession musulmane d'aller grossir les rangs d'Al-Quaida ou de Daesh, ou laisser des Français de confession juive partir pour Israël, à plus ou moins brève échéance c'est kif-kif.
Parce
que même si personne n'osera jamais blâmer une famille de Juifs
français qui choisit la valise plutôt que le cercueil, il est clair
que tout nouvel afflux de population en Israël se traduira
immanquablement par l'extension des colonies illégales en terre
palestinienne, aggravant un peu plus encore une injustice qui ne
suscite que la complicité passive du concert des nations depuis
1948, et qui constitue, pour cette raison même, l'une des causes
principales du terrorisme islamiste, celle qui innerve toutes les
autres et derrière laquelle s'abritent des idéologies purement
opportunistes.
De
cette confusion sont responsables ceux qui, en choisissant
d'appliquer la politique du pire, ont créé les conditions d'un
conflit dont la durée a permis l'unification progressive de toutes
les rancœurs nées au sein du monde musulman. Quand on refuse de
s'entendre avec Yasser Arafat, il suffit d'attendre de n'avoir plus
que le Hamas en face de soi : tout le monde comprend alors que
le dialogue est impossible !
Ça
n'était pas inévitable. Si je me souviens bien, ceux qui ont fini
par devenir fous de haine et de rage furent précédés par une
génération qui avait accepté au moins à voix basse l'idée d'un
compromis. Dans les années 70 l'image type de la militante
palestinienne est une jeune femme portant le keffieh, pas le voile,
avec de longs cheveux flottant sur ses épaules. Puis les
combattantes se sont effacées, et les combattants des deux sexes se
sont mués en kamikazes. Plusieurs siècles auparavant, en
Andalousie, c'était des Espagnols qui dans le camp chrétien se
ruaient sur l'occupant arabe, apparemment impatients de mourir en
martyrs pour la cause nationale.
La
politique de la France ne fut pas plus subtile. Messali Hadj
réclamait l'égalité de droits entre Français et Musulmans.
Réponse : 22 ans de prison ou de résidence surveillée, rien
que ça ! Seul Nelson Mandela a fait mieux ! Alors est
arrivé le FLN et une « révolution » dont le moins qu'on
puisse dire est qu'elle est loin d'avoir tenu toutes ses promesses
(sauf pour les dirigeants du Parti évidemment). La conséquence de
cet échec ? Des immigrés et un pays d'accueil ayant chacun sur
les mains un peu du sang des autres. Quelles meilleures conditions
pour assumer le « vivre ensemble » ?
Normalement
il n'y aurait pas dû y avoir d'émigration algérienne. Cela aurait
été possible s'il n'y avait pas eu auparavant l'exode de la
population pied-noir. L'indépendance de l'Algérie aura été au
final d'un piètre intérêt pour les peuples qui vivent de part et
d'autre de la Méditerranée. Il n'y eut ni l'émancipation souhaitée
ni l'assimilation souhaitable, et cet échec a favorisé par
contre-coup la régression vers les valeurs refuges (plus bas on peut
pas aller) de la religion. La France pétainiste fut volontiers
bigote elle aussi.
Une
échographie du jihadisme embryonnaire montrerait peut-être quelles
sont exactement les responsabilités, cas par cas, des nations
colonisatrices. Un fait est sûr, en tous cas : nos concitoyens
israélites seraient mal avisés d'aller se réfugier dans les jupes
de Charlie
Netanyahou. Tsahal n'est pas invincible, ni l'allié américain, qui
par complaisance tactique a donné ses premières armes et des
surnoms démocratiques aux pires féodaux du monde musulman dans le
seul but de contrer l'arrogance soviétique. Oui, le jihadisme est un
avatar de la Guerre froide qu'on croyait éteinte, au même titre que
le Paris-Dakar qui vient de se terminer à Buenos Aires (sic !)
par la magie d'Al-Qaïda qui supportait mal le bruit et la pollution
que le rallye laissait derrière lui dans le désert mauritanien.
Al-Qaïda... une force capable de déplacer des continents !
Conclusion :
l'Alyah
n'est pas une solution. Ni le silence, ni l'indifférence.
L'affirmation d'une identité laïque, démocratique et progressiste,
unique garante de toutes les libertés y compris religieuses, est la
seule réponse à apporter collectivement aux fauteurs de guerre de
tout bord : marchands d'armes libéraux ou bédouins vaniteux.
Un choix manichéen passant entre les deux ne peut que conduire à
l'affrontement. Qui le souhaite ? S'il faut être très con pour
crier au Jihad, il faudrait l'être au moins autant, et ça paraît
difficile, pour rêver de croisade.
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