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samedi 26 avril 2014

Nathalie Kosciusko-Morizet

Une étrangère qu'on connaît bien...


Samedi 19 avril. Le matin ou l'après-midi, je ne me souviens plus. Elle était devant moi, je lui présentais mes savons. Une cliente comme les autres, et tout à coup, ou plutôt enfin, la petite impression de blondeur et de pâleur familières a fini par faire son chemin : cette femme ressemblait à quelqu'un... Mais oui, c'est ça ! celle qui rêvait de faire flotter les couleurs de l'UMP sur la capitale lors des dernières élections !
Mais je ne me dis pas : c'est elle. Je pense seulement que c'est quelqu'un qui lui ressemble, et je l'exprime, à voix haute : « Je ne vous dis pas que vous ressemblez à la candidate pour la mairie de Paris, vous devez l'entendre bien assez souvent comme ça ». Mes mots non plus elle ne paraît pas les entendre, toute en retrait comme elle est toujours derrière les vagues diaphanes de ses cheveux. Je finis ma phrase à l'attention de son mari qui rigole. Je crois même qu'il m'a dit « c'est elle ». J'ai dû penser qu'il plaisantait. La dame a eu alors un geste nerveux pour mettre un terme aux tractations ; elle a autorisé le Monsieur à payer et elle est partie.
Légère, distraite et incisive ! J'aurais dû deviner que c'était l'originale, la vraie, la politique. Mais la télé agit avec un effet paradoxal qui rapproche et éloigne en même temps les gens qu'elle nous habitue à voir. Dans ma tête la Kosciusko était plus grande, mais ça n'est pas ça qui est important, c'est le regard que j'ai porté sur cette cliente que je n'avais encore jamais vue mais dont le physique m'a interpellé parce qu'elle ressemblait à quelqu'un de célèbre.
C'est peut-être sans rapport, mais ça m'a fait penser à quelque chose que j'ai écrit dans La République des Roseaux, dans la scène qui se passe au cours de cette nuit dans la grotte rouge où Agnès brosse le portrait de son petit ami, tellement différent d'elle, qu'elle évoque comme s'il s'agissait d'un acteur célèbre, « un étranger qu'on connaît bien ».
Bon, tout le monde l'aura compris, tout ça c'était juste pour faire de la pub à un roman qui n'est même pas encore publié (voir la page PUBLICATIONS).
Alors, pour finir mon histoire donc, comment j'ai su que c'était bien NKM ? Tout simplement parce que je l'ai entendu dire à la fin de la journée par l'organisatrice de la fête des plantes où ça s'est passé. Du coup j'étais comme les autres, je voulais en savoir plus. Avait-elle une résidence secondaire dans le coin ? Oui.
- Où ça ?
- Sainte-Mère-Église.
La ville des parachutés !
- C'est là qu'elle aurait dû se présenter, j'ai dit, elle était sûre de gagner !
Pour qu'on comprenne la plaisanterie je mimais en même temps le pauvre Américain qui est resté accroché à son parachute au clocher de l'église, mais ça n'a fait rire personne. Cet homme, John Steele, a eu plus de chance que ses copains qui tombaient au milieu des maisons en flammes. Les Allemands ne l'ont pas canardé pendant qu'il pendouillait au bout de ses ficelles. Ils l'ont soigné et il s'est évadé, pour combattre encore, avant de finir par rentrer au pays où il est mort le 16 mai 1969. Cancer de la gorge. Dommage. S'il avait tenu le coup deux mois de plus il aurait pu voir l'un de ses compatriotes marcher sur la lune.

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