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mercredi 26 mars 2014

Une écriture « éditorialement » correcte

Pourquoi ai-je décidé de m'auto-éditer ? Pourquoi l'ensemble des éditeurs a refusé de me publier ? Parce que ma façon d'écrire n'est pas éditorialement correcte.
Parce qu'ils m'ont pris en grippe dès le début. Ça a commencé quand j'ai eu le front de montrer mes poèmes à ceux qui semblaient les mieux placés pour me donner leur avis, auteurs ou éditeurs. C'était longtemps avant le Slam, avant qu'à 50 ans passés des jeunes poètes m'adoptent comme l'un des leurs. Ceux dont je parle ici m'ont ri au nez, pas très fort parce qu'ils ne rient pas fort, ils ne font rien de fort, ils n'en ont pas la force, ce sont des demi-couilles, il est là le problème ! Pas des homos, ce serait trop beau, seulement des demi-couilles.

L'écriture qui correspond aux attentes des éditeurs aujourd'hui en France, leurs attentes à eux, pas celles des lecteurs, c'est une écriture de type réaliste, directe, crue au besoin, sans artifices, vraie en somme, c'est à dire faussement ressemblante au langage parlé.
Moi je pense que les gens qui écrivent comme ils parlent c'est comme ceux qui lâchent des pets qui ne sentent rien et qui ne font aucun bruit. Pourquoi ils écrivent ?
En ce qui me concerne la description romanesque ne m'intéresse qu'en tant qu'elle est capable d'optimiser certaines définitions techniques, lorsqu'il s'agit d'objets, ou cliniques lorsqu'il s'agit de sentiments. Or on ne peut espérer atteindre cet objectif en s'en tenant strictement à la règle « réaliste » au regard de laquelle tout procédé littéraire quel qu'il soit est coupable.
L'écrivain réaliste c'est celui dont l'effort se borne à circonscrire à l'intérieur des mots une somme d'informations découpées au plus près de leur forme extérieure. Le contenu sensible chez lui, c'est les lecteurs qui doivent l'apporter, en ajoutant au pot leur propre expérience, les références qu'ils possèdent sur le sujet et le cas échéant leur imagination.
Dans ce système on peut dire que les moyens propres au romancier sont directement tributaires des moyens intellectuels de ses lecteurs, avec lesquels il faut nécessairement qu'ils interagissent pour que l'œuvre « se manifeste » totalement. C'est cette participation, ce chevauchement des rôles entre l'auteur et le lecteur qui font précisément l'intérêt de ce type d'écriture. 
C'est bien, c'est très bien, mais c'est pas ce que j'ai envie de faire quand j'écris.

1 commentaire:

  1. michfred...michèle fédéric-Trocmé4 mars 2015 à 14:37

    vous n'êtes peut-être pas éditorialement correct, mais vous devriez être correctement édité! J'ai beaucoup aimé votre correspondance entre les pets inodores et inaudibles et les bouquins du même acabit...

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